Dar Bouazza

Casablanca: dernière zone de biodiversité en cours de spoliation

Intervenant dans le cadre du Forum d’El Jadida vendredi dernier, le groupe ornithologique du Maroc (GOMAC) a tiré la sonnette d’alarme sur les dangers que court la zone humide de Dar Bouazza. Après des années à essayer de faire connaître et protéger la Daya, le GOMAC dénonce une tentative de spoliation de toute la zone.

daya de Dar Bouazza
Daya de Dar Bouazza (PH: B Endert )

  Après avoir pris connaissance d’une procédure en cours pour l’immatriculation au profit de particuliers à la Conservation foncière de Nouaceur de la dernière zone humide littorale de Casablanca, le groupe ornithologique du Maroc, appuyé par plusieurs autres associations, demande une ouverture d’enquête pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire.

La Loi sur l’eau est pourtant claire à cet égard : « L’eau est un bien public et ne peut faire l’objet d’appropriation privée ». La Daya de Dar Bouazza –qui est alimentée par deux sources permanentes- est donc la propriété du domaine public hydraulique et ne peut en aucun cas être accaparée par un particulier.

Un écosystème inestimable

Les zones humides sont vitales pour l’Homme. Grâce à leurs écosystèmes très riches, elles fournissent à la population de nombreux services écosystémiques et ressources qui permettent d’améliorer la qualité de vie.

Les zones humides constituent pour les oiseaux migrateurs des « aires de repos » où ils s’arrêtent pour se reposer et se nourrir avant de reprendre le cours de leur migration entre l’Europe et l’Afrique. Dans la région de Casablanca, la daya de Dar Bouazza est seule zone humide qui perdure encore sur le littoral. Elle est riche en végétation, en amphibiens, en insectes et invertébrés en tous genres, ce qui en fait  une zone où s’arrêtent un grand nombre d’oiseaux.

Convaincus que la Daya de Dar Bouazza est un écosystème vital pour la migration et pour le maintien d’une biodiversité qui appartient à tous les Casablancais, les membres du Groupe Ornithologique du Maroc se mobilisent depuis plusieurs années afin de faire protéger cette zone humide.

Un patrimoine commun à tous

« Nous demandons aux pouvoirs publics de faire respecter la Loi sur l’eau et d’interdire toute appropriation et exploitation privée de la Daya de Dar Bouazza » voici en substance le message adressé aux participants du forum de la mer.

La daya de dar Bouazza est le vestige d’une zone humide plus large qui a été grignotée par l’urbanisation. Il serait criminel de sacrifier cette relique aux appétits des promoteurs et autres particuliers : Cela achèverait la dernière zone humide naturelle de la région et mettraient un terme aux nombreux services qu’elle rend à la population de Casablanca. En effet, c’est :

  • Un lieu d’agrément, de promenade et de loisir pour la population locale.
  • Un réservoir de biodiversité exceptionnel : une flore et une faune très diversifiée (par ex : 180 espèces d’oiseaux, dont certaines rares et menacées).
  • Une multitude de services écosystémiques pour la population (réservoir d’eau douce, amortissement des crues, épuration des eaux, piégeage de carbone, stabilisation du littoral et réduction des effets des changements climatiques, …).
  • Un support pédagogique pour l’étude des écosystèmes utilisé lors d’excursions scolaires au profit de nombreux élèves et étudiants des établissements de la région.

Perdre la zone humide de Dar Bouazza serait synonyme de perte de tous les avantages énumérés ci-haut.

Détruire la Daya de Dar Bouazza pourrait aussi affecter la dynamique des migrations aviaires entre les continents européen et africain.

Dans un contexte de lutte contre le changement climatique et contre l’érosion de la biodiversité, il est tout simplement impératif de conserver les zones humides en général et la daya de Dar Bouazza en particulier.

La daya de Dar Bouazza prend la forme d’un plan d’eau d’une longueur d’environ 1 km sur 150 m de large. Elle se situe à 15 km au sud-ouest de Casablanca, à l’entrée de Dar Bouazza, entre l’océan et la route côtière d’Azemmour. Elle est délimitée au nord par les dunes de sable actuelles, qui la séparent de l’océan, et au sud par des dunes fossiles consolidées, parallèles à la côte. Ce type de paysage, comprenant une plaine marécageuse, l’Oulja, coincée entre les cordons dunaires actuel et fossile, est typique du littoral atlantique marocain : on le retrouve par exemple dans la région de Oualidia ou dans le Rharb. Cependant, les zones humides de l’Oulja ont pour la plupart disparu au XXe siècle, sacrifiées à l’agriculture ou à l’urbanisation du littoral. Cette zone est la dernière zone humide littorale naturelle dans la région.

Signez la pétition du GOMAC pour la protection de la Daya de Dar Bouazza.

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