La forêt marocaine a été décrite plusieurs fois par les anciens auteurs de l’antiquité. Sélection de quelques passages du grand livre de la forêt marocaine qui résumant ces citations et références qui ont traversé les âges et qui nous racontent la forêt de notre pays telle qu’elle a existé jadis.
Le Mont Atlas a certes fasciné les anciens. Assimilé, dans l’ensemble, à toutes les chaînes de montagnes marocaines, il est cité chez les auteurs anciens plus pour sa faune que pour sa flore tant et si bien qu’Homère , dans son Odyssée, le confond avec le Mont aux Singes.
Hannon, quant à lui, nous parle dans son Périple (5ème siècle) de la zone du cap de Lybie comme d’un espace hérissé de forêts, tandis que Lixus évoque des zones infestées d’animaux sauvages y compris des troupeaux entiers d’éléphants.
Strabon, pour sa part, dit de la Maurusie (le Maroc) qu’elle était extrêmement riche en forêts hautes et denses, que les tables étaient grandes, faites d’une seule pièce et de couleurs variées. Il dit aussi que ce pays nourrissait toutes sortes de serpents, d’éléphants, et que ceux-ci enfin, contrairement aux autres animaux qui craignaient le feu, le combattent et s’en défendent parce que le feu détruit les forêts qui constituent leurs gîtes.
Pline l’Ancien, à son tour, affirme que des troupeaux d’éléphants venaient infester les jardins de Salé. Selon lui, l’Atlas du côté qui regarde l’Afrique était couvert de bois aux épais ombrages.
Suetonius Paulinus est sans doute le premier chef romain qui ait dépassé l’Atlas. Ses rapports sur cette chaine concorde avec tous les autres : le pied de l’Atlas est rempli de forêts épaisses et profondes, d’arbres d’une espèce inconnue, leurs troncs sont brillants et sans nœuds, leurs feuilles rappellent celles du cyprès ; leur odeur est pénétrante et ils sont recouverts d’un léger duvet dont on peut faire, en le travaillant, des vêtements comme avec la soie.
L’intérêt qui se dégage des propos de ce consul est clairement lié à l’exploitation. Il n’a d’égal que celui de Juba, roi des deux Mauritanies qui lui-même se convertit en savant pour rédiger un traité sur la flore du Mont Atlas. Décidément, cette richesse forestière était en vogue et la demande de la rive nord de la Méditerranée n’y était évidemment pas étrangère.
Les indications des auteurs anciens, telles que recueillies dans le petit livre de Roget, sont aussi pauvres qu’imprécises. Elles ne nous permettent de conclure ni sur la densité des forêts, ni sur la répartition des espèces, ni sur le degré de l’exploitation mais une chose est sûre : le pays qui fournissait le blé et l’huile à Rome, le Maroc, devait lui fournir aussi une bonne partie de sa provision en bois, pour les besoins domestiques et peut-être également pour les besoins de sa flotte. Quant à l’ameublement, on sait qu’une table de bois de thuya importée du Maroc central coûtait à Rome jusqu’à 1400000 pièces de monnaies de bronze, ou l’équivalent d’un latifudium de 350 ha!