Emmanuel Gheerbrant, paléontologue au Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements , ont découvert en 2009 l’un des plus anciens ongulés modernes apparenté aux éléphants.
Les débuts de la diversification des mammifères modernes (placentaires) restent mal connus à ce jour par manque de fossiles, particulièrement dans certains continents-clés de l’hémisphère Sud tels que l’Afrique. Emmanuel Gheerbrant, chargé de recherche au CNRS, signale, dans le cadre d’une convention de collaboration franco-marocaine entre notamment le Muséum et l’Office Chérifien des Phosphates ,la découverte d’un des plus anciens ongulés modernes dans des niveaux paléocènes du Maroc.
Âgé d’environ 60 millions d’années, ce mammifère fossile appartient à une nouvelle espèce nommée Eritherium azzouzorum. Il provient du même bassin à phosphates des Ouled Abdoun (Maroc) quePhosphatherium escuilliei ,qui était, jusqu’à la découverte d’Eritherium, le plus ancien représentant des éléphants (55 millions d’années), mais de couches sédimentaires plus basses. C’est le plus ancien représentant connu des ongulés africains (paenungulés), et en particulier de l’ordre des éléphants (proboscidiens ) dont il conforte l’origine africaine ancienne.
Eritherium azzouzorum est petit (4 à 5 kg) et extraordinairement primitif. Il témoigne de l’émergence d’un ordre d’ongulés modernes à un stade archaïque inédit, illustré par des réminiscences originales chez les proboscidiens avec des groupes primitifs, parmi les condylarthres (louisininés, éteints) ou les afrothères (« rats » à trompes, Eocène-Actuel). Son grade primitif indique d’une part une évolution rapide des proboscidiens au passage Paléocène-Eocène (tel que l’augmentation de la taille), et d’autre part la radiation(diversification) rapide des ongulés africains après la crise Crétacé-Tertiaire il y a 65 millions d’années.