Des scientifiques de BirdLife International estiment que dans seulement 20 sites en Méditerranée 8 millions d’oiseaux sont tués ou capturés vivants illégalement chaque année.
Dans leur article « Évaluation préliminaire de la portée et de l’ampleur de la mise à mort et des prélèvements illégaux des oiseaux en Méditerranée » publiée récemment (4 mars 2016) dans la revue scientifique Bird Conservation International, les auteurs présentent une analyse détaillée des espèces et du nombre d’oiseaux concernés, les 20 sites les plus touchés par ces actes illégaux et les espèces ciblées dans chaque pays.
« Nous avons été choqués de découvrir que 25 millions oiseaux appartenant à plus de 450 espèces sont estimés à être tués ou capturés vivants illégalement chaque année, et ce principalement pour la nourriture (soit pour être mangés comme spécialité ou vendus pour le profit), le sport ainsi que pour l’utilisation comme oiseaux de cage ou appeaux de chasse. », a déclaré Dr Anne -Laure Brochet, auteur principal de l’article.
Les 20 sites le plus touchés se trouvent en Chypre, en Egypte, au Liban et en Syrie. Les tristes records sont tenus par la région de Famagouste en Chypre, où 400 000 à 1 000 000 oiseaux deviennent les victimes des braconniers chaque année, et par la zone El Manzala en Egypte, où 30 000 à 1 100 000 oiseaux sont concernés.
Les estimations les plus élevées par pays ont été établies pour l’Italie (3-8 millions d’oiseaux), l’Egypte (300 000 – 11 millions) et la Syrie (3-5 millions), tandis que la densité annuelle était la plus élevée en Malte (18-667 oiseaux par km2), en Chypre (146-351 oiseaux par km2) et au Liban (161-335 oiseaux par km2).
« Il est inquiétant de constater que, malgré l’impact positif de la législation européenne, la moitié des 10 pays ayant les niveaux de braconnage d’oiseaux les plus élevés sont des états membres de l’Union Européenne (UE). Cela indique la nécessité de redoubler les efforts pour veiller à ce que la « Directive Oiseaux » de l’UE soit pleinement mise en œuvre au niveau de chaque pays.», a déclaré Willem Van den Bossche de BirdLife Europe.
Les espèces les plus touchés comprennent la Fauvette à tête noire (1,2-2,4 millions par an), la Tourterelle des bois (300 000-900 000 par an) et la Grive musicienne (700 000-1,8 millions par an). Les données ont été recueillies par les organisations partenaires de BirdLife à travers la région en utilisant une large panoplie de sources d’informations, y compris des données de suivi, des publications, des rapports des autorités compétentes et des avis d’experts. Dans de nombreux cas, les chiffres ont été extrapolés à partir des données ou estimations du nombre de filets, d’incidence de tir, d’oiseaux accueillis dans les centres de réhabilitation, de pièges vendus/utilisés, etc.
« Le braconnage est un problème de conservation complexe », a expliqué le Dr Vicky Jones de BirdLife International. « Aborder cette question nécessite une action à l’échelle locale, nationale et internationale, impliquant les organismes d’application de la loi, la justice, les associations de chasseurs, les autorités gouvernementales nationales, les ONG et les accords internationaux. »
«L’exploitation non durable est l’une des principales menaces pour les oiseaux du monde, et une grande partie de celle-ci est illégale. Notre étude est la première à établir des estimations quantitatives détaillées de ce problème en Méditerranée, et ce afin de mieux concentrer les efforts sur le terrain. » a déclaré le Dr Stuart Butchart, directeur scientifique à BirdLife International.
« La Tunisie n’est pas le bon élève que les résultats de l’étude semblent indiquer » précise Claudia Feltrup-Azafzaf, co-auteur de l’article et directeur exécutif de l’Association « Les Amis des Oiseaux » (AAO), le partenaire de BirdLife en Tunisie. « En effet, l’étude couvre la période de 2005 à 2014 et le manque de données publiées nous a obligé de revoir certaines estimations à la baisse. Le résultat serait beaucoup plus dramatique si l’étude aurait concernée la période 2011-2014. Depuis la révolution, le braconnage s’est beaucoup amplifié, en même temps les poursuites des infractions ont diminuées. La situation est d’autant plus grave que le nombre d’espèces concernées est en augmentation, que les braconniers se sont organisés et mis à niveau d’un point de vue technologique et que les lieux de commerce illégal se sont diversifiés. De nos jours, il n’est plus rare de voir des espèces menacées en vente sur l’Internet et la lutte contre le braconnage et le commerce illégale est devenue beaucoup plus complexe.»
« Malheureusement, les autorités tunisiennes ne se donnent pas les moyens pour lutter efficacement contre ce fléau, au risque de voir disparaitre certains espèces et de priver les générations futures de cette diversité. L’AAO se doit de jouer un rôle primordial dans la résolution de ce problème et dans la sensibilisation du public. C’est pourquoi, dès cette année, nous allons lancer plusieurs actions stratégiques parmi lesquelles un observatoire citoyen du braconnage et du commerce illégal des oiseaux et un centre de réhabilitation pour les oiseaux blessés. » souligne Hichem Azafzaf, président de l’AAO.
En ce qui concerne la chasse au Maroc ,je crois qu'il est de la plus haute urgence d'instaurer un passage obligatoire d'un examen pour l'obtention d'un permis de chasser particulierement pour les chasseurs rureaux habitant sur place .Etant un vieux chasseur (plus de 50 ans) j'ai note la degradation et l'appauvrissement dramatique de campagnes et montagnes dus aux chasseurs locaux ignorant jusqu'aux regles ecologiques de base et simples,et ceci partout au Maroc et tout dernierement dans la region d'Azilal entre Foum Djmaa et Azilal.
Cordialement