Dans les eaux continentales courantes et stagnantes du Maroc, quatre espèces de truites apparentées au genre Salmo ont été décrites jusqu’à présent sur la base des caractères morphologiques et morphométriques, dont la dernière en date S. akairos identifiée en 2005 dans le lac Ifni situé au niveau du Haut Atlas.
L’ensemble des populations marocaines autochtones, y compris celle du lac Ifni, appartiennent à une seule et même espèce S. trutta macrostigma. Les différences observées au niveau de la pigmentation de la robe et de certains rapports morphométriques contrastent fortement avec un manque total de différenciation génétique. Ces différences reflètent beaucoup plus l’existence d’écotypes différents, et s’expliqueraient plutôt par une forte plasticité phénotypique en relation avec l’adaptation à des environnements différents.
Au Maroc, le genre Salmo a été décrit dans les eaux continentales des massifs montagneux du Rif et des Moyen et Haut Atlas par la présence de quatre taxons de rang spécifique sur la base des variables morphologiques et/ou morphométriques (Pellegrin, 1921 ; Joleaud, 1938 ; Melhaoui, 1994 ; Baglinière, 1999 ; Delling & Doadrio, 2005). Ces espèces sont respectivement Salmo trutta macrostigma (Duméril, 1855) présente dans les trois zones précitées, Salmo pallaryi (Pellegrin, 1924 ) signalée dans le lac Aguelmam Sidi Ali au Moyen Atlas et qui a d’ailleurs disparu depuis 1938 (seuls quelques spécimens conservés au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et au Muséum des Sciences Naturelles de Madrid subsistent encore), S. pellegrini (Werner, 1931) dans les cours d’eau du bassin du Tensift au Haut Atlas et tout récemment S . akairos (Delling & Doadrio, 2005) dans le lac Ifni près du massif du Toubkal également dans le Haut Atlas.
L’aire de répartition géographique actuelle de ces truites au Maroc a été fortement réduite notamment à cause de la surexploitation (pêche artisanale et sportive), du braconnage et des déficits hydriques constatés dans les principaux bassins versants, et également à cause de l’introduction de la carpe commune Cyprinus carpio carpio dans les principaux lacs des Moyen et Haut Atlas. En effet, l’introduction de la carpe réduit l’aire de répartition de la truite car la carpe est une espèce algivore très vorace et qui de plus se reproduit très rapidement. Cela perturbe l’équilibre de l’écosystème des lacs et conduit par conséquent à l’élimination de la truite autochtone. Ainsi, ces truites ne se maintiennent plus que dans les lacs Ifni, Tamda et Isli du Haut Atlas et dans certaines rivières dans les massifs du Rif et des Moyen et Haut Atlas.
Cette raréfaction se poursuit malheureusement encore, malgré les efforts de protection et de repeuplement entrepris par l’organisme national de gestion (Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et de Lutte contre la Désertification, 2010).
Source et étude complète: http://www.cnrs.edu.lb/info/LSJ2011/No2/lbadaoui.pdf