Première nationale: des ornithologues marocains observent un vautour à dos blanc!

Première au Maroc: des ornithologues marocains observent un « vautour à dos blanc » près de Tétouan

Les ornithologues Marocains, membres du GREPOM (unité régionale de Tanger-Tétouan) sont aux anges ! Ces dernières semaines ont été pour eux porteuses de plusieurs surprises. Sachant que ce qui peut arriver de mieux à un ornitho (amateur ou professionnel) qui fait du terrain ou du « bird watching » dans une région donnée, c’est qu’il puisse observer une espèce rare ou inexistante dans la zone en question, nos amis Rachid El khamlichi, Mohamed Amezian et Mohammed Karim El Haoua (qui publient leurs observations sur le blog Moroccan Birds) ne peuvent qu’être ravis des observations qu’ils ont pu faire dernièrement.

La région où à eu lieu les observations est assez particulières : elle se situe exactement sur un des axes de la migration des oiseaux. La migrations des individus ou groupe qui transitent entre l’Europe et l’Afrique a tendance à se faire par ce « goulet d’étranglement » qui constitue la voie de passage où la distance entre les deux continents est la plus réduite. C’est un endroit (deux monts) qui est souvent visitée par les ornithologues, et où il n’est pas rare de voir les oiseaux (surtout les rapaces) arrivant ou quittant le Maroc.

Selon un article de Moroccan birds « ce mois de mai était le mois des vautours par excellence: 10 Vautours de Rüppell et un Vautour Africain (à dos blanc) en 4 jours (observés respectivement le 10, 11, 24 et 25 mai)!

C’est le premier enregistrement de Vautour africain (à doc blanc) pour le Maroc (L’espèce se reproduit en Afrique sub-saharienne est classée ‘En danger’ (EN) par l’UICN (Liste Rouge 2012)).

Parfois il est possible d’observer des individus appartenant à des espèces qui n’existent pas au Maroc, mais qui y arrivent parce que égarées d’une manière ou d’une autre (comme les oiseaux Nord-Américains qui se rencontrent parfois chez nous), ou qui sont arrivées en compagnie d’autres oiseaux qui migrent régulièrement à travers notre pays (comme c’est le cas de ces vautours sub-sahariens qui nous visitent en compagnie du Vautour fauve).

Cela dit, il faut aussi noter que la dynamique des flux migratoires des oiseaux peut aussi changer à cause de plusieurs facteurs comme les changements climatiques, la disponibilité alimentaire, la fluctuation des populations et les modifications ou altérations des habitats habituels des oiseaux migrateurs.

Concernant les observations faites par Rachid El Khamlichi, Mohamed Amezian et Mohammed Karim El Haoua, les vautours de Rüppell (rares au Maroc) et le vautour à dos blanc (jamais observés auparavant), plusieurs observateurs auraient tendance à croire que tout a commencé par un changement dans la migration des Vautours fauves.

La population espagnole des vautours fauves a augmenté considérablement durant ces 3 dernières décennies. Un nombre plus élevé de ces vautours (surtout des immatures) commencent à atteindre les zones d’hivernage en Afrique de l’Ouest. (Pendant les années 1980, par exemple, Il n’y avait pas d’indication que les Vautours fauve hivernaient en Afrique de l’Ouest). Une fois sur la zone d’hivernage sub-saharienne, ils se mêlent avec leurs « cousins » locaux (Vautours de Rüppell et à dos blanc). Il semble probable que, pendant la migration du retour vers l’Europe, les Vautours fauves sont parfois rejoints par leurs congénères les Vautours de Rüppell et à dos blanc (vautour Africain), en particulier des immatures en dispersion qui peuvent continuer tout le chemin et finir dans la région du Détroit au nord du Maroc et en Espagne.»

C’est le premier enregistrement de Vautour africain (à dos blanc) pour le Maroc. Il se peut que cette observation soit celle d’un simple « individu égaré », mais plusieurs ornithologues chevronnés n’excluent pas l’idée d’un début de changement dans la migration de ce vautour. Affaire à suivre!