Au Maroc, la loutre est un indicateur de la qualité de l’environnement: Pour que la loutre puisse vivre, il lui faut une eau en bonne qualité. Sa présence est donc un signe, le marqueur d’un environnement sain. Aussi, il est très rare d’en voir. Parce qu’elles sont méfiantes et qu’elles ne sortent que la nuit.
Les loutres sont des espèces de mammifères carnivores appartenant toutes à la sous-famille des Lutrinae. Contrairement à l’ours polaire ou au dauphin, la loutre ne dispose pas d’une épaisse couche de graisse sous la peau. C’est son pelage, composé de poils courts et longs qui s’emboîtent, qui l’isole du froid.
C’est un animal souvent solitaire qui possède une fourrure avec des poils qui s’emboîtent les uns dans les autres.les petits loutrons restent avec leur mère jusqu’à l’âge de six mois.
C’est une espèce en très forte régression sur la presque totalité de son aire de répartition, protégée pour cette raison dans la plupart des pays. Elle a d’abord régressé puis disparu d’une très grande partie de son aire de répartition à cause de la chasse et du piégeage, sa fourrure étant, très recherchée.La loutre est un mammifère majoritairement piscivore. Son régime alimentaire est constitué de 50% à 90% de poissons, le reste est occupé par des batraciens, de petits mammifères, de crustacés et même parfois d’oiseaux. La loutre pêche principalement en solitaire même si de temps à autre elle chasse en bande. Les jeunes loutres mangent jusqu’à 700 grammes de nourriture par jour, et les adultes mangent jusqu’à 1 kg par jour.
Lors de ses plongées, ses oreilles et ses narines sont obstruées, elle perd donc son odorat et son ouïe ce qui handicape sa chasse. Mais heureusement, elle est munie de vibrisses (moustaches rigides) fort sensibles aux vibrations. Grâce à cela, elle parvient à repérer sa proie avec les ondulations de l’eau émises lors de sa fuite.
Fabrice Cuzin, spécialiste des mammifères du Maroc en dit:
« La loutre vit fréquemment au voisinage de l’homme, dans les cultures irriguées, où les talus, et réseaux de canaux d’irrigation fournissent de nombreux abris. Selon de nombreux témoignages, la chair de la loutre, considérée comme « réchauffante », est volontiers consommée par l’homme. La fourrure est assez fréquemment mise en vente sur les étals des « attarin » (herboristes) . Au Maroc, selon de nombreux témoignages, les animaux vivant près de l’homme s’attaquent aux volailles, et sont piégées. L’espèce est protégée par la loi, mais cette protection est peu appliquée, étant donnée la facilité d’achat des fourrures.
Afin d’assurer la conservation de l’espèce, il serait indispensable que la loi concernant sa protection soit effectivement appliquée. S’il semble difficile d’empêcher les prélèvements sur le terrain, une bonne part de la commercialisation pourrait aisément être prohibée, au niveau des points de vente, qui ne sont absolument pas cachés.
Au niveau local, deux types de mesures sont nécessaires pour conserver l’espèce:
– des mesures d’application locale, comme une protection renforcée de l’espèce et de son habitat local
– des mesures assurant une conservation globale de l’habitat, et en particulier de la ressource en eau, impliquant une gestion de l’ensemble des bassins versants, et débordant donc très largement le cadre de la conservation de l’espèce; de telles mesures pourraient être envisagées seulement dans le cadre de la gestion de vastes aires protégées, en particulier les Parcs Nationaux montagnards (Toubkal et Haut Atlas oriental); il serait également souhaitable que, au cours de toute étude d’impact liée à un nouvel aménagement hydraulique important, soient intégrées des mesures favorisant le maintien de l’espèce. »