L’Échide à ventre blanc (Echis leucogaster)

Echis leucogaster / Échide à ventre blanc (PH M Aymerich)

L’Échide à ventre blanc est une vipère qui dépasse rarement les 60 cm, bien que des exemplaires de 83 et 87 cm aient été signalés, mais pas au Maroc. L’explication pourrait être que les Échides dans ce pays vivent dans des régions très arides où les proies ne sont guère abondantes.

L‘Échide à ventre blanc autrement appelée Vipère des pyramides (Echis leucogaster) est considérée par certains auteurs comme un synonyme d’Echis arenicola, voire comme une sous-espèce :Echis arenicola leucogaster. En général la systématique du genre est l’une des plus compliquées et l’objet de beaucoup de controverses. L’intérêt particulier que revêt la détermination exacte de l’espèce et de la sous-espèce, notamment au Maroc, vient de ce que dans ce pays aucun sérum spécifique n’y est produit ou ne s’y trouve disponible. Or du fait des variations importantes observées entre les Echis dans la composition du venin et de ses effets sur les personnes mordues, un sérum produit à partir d’une espèce donnée (ou considérée comme telle), voire d’une sous-espèce estimée, peut s’avérer d’une efficacité douteuse, sinon inopérant dans le traitement d’une morsure d’une autre espèce ou sous-espèce.

Échide
Echis leucogaster, environs d’Agz, juin 2009. ©Michel Aymerich

L’échide à ventre blanc est une vipère qui dépasse rarement les 60 cm, bien que des exemplaires de 83 et 87 cm aient été signalés, mais pas au Maroc à notre connaissance. L’explication pourrait être que les Échides dans ce pays vivent dans des régions très arides où les proies ne sont guère abondantes.

Biologie de l’Échide à ventre blanc :

C’est une espèce ovovivipare qui fréquente des milieux secs et pierreux, des zones steppiques, des ruines. En été, notamment par fortes températures, elle est nocturne. En hiver, elle devient diurne. Son alimentation se compose principalement de rongeurs et autres petits mammifères. Son venin est l’un des plus virulent des serpents d’Afrique.

Une caractéristique des Échides ou vipères des pyramides est leur faculté de striduler assez fortement, une faculté qu’ont Cerastes cerastes et C. vipera, bien que chez ces dernières, la stridulation soit moins sonore. Pour ce faire les Échides placent leurs corps en cercles concentriques puis ondulent en déplaçant en sens contraire leurs anneaux adjacents. Ce faisant elles frottent leurs flancs aux écailles obliques et fortement carénées, et se gonflent d’air. Le poumon et le sac à air du serpent servent alors de « soundbox ». Une couleuvre, le Serpent mangeur d’œuf (Dasypeltis scabra), semble imiter les Échides en stridulant, bien que plus faiblement. Tant par les motifs de sa robe que par son aspect général et par l’attitude adoptée au moment de la stridulation, le Serpent mangeur d’œufs ressemble étrangement à l’Échide à ventre blanc.

Conservation de l’Échide à ventre blanc :

L’Échide à ventre blanc, dont l’existence au Maroc est assez méconnue, est donnée comme l’un des serpents les plus rares du pays. L’exemplaire représenté ici est le premier à avoir été photographié vivant en Afrique du Nord-Ouest. Eu égard à sa rareté dans ce pays, elle mériterait des mesures de protection, dont la plus efficace serait certainement l’élévation de la région du Bas Draa au statut de Parc National, un statut qui bénéficierait à un riche cortège d’espèces menacées d’extinction.

Par Michel Aymerich
Extraits du site du GERES (pour plus d’infos et de photos sur l’espèce, consultez l’article source)
Complément d’infos par Mohamed Mediani:  » Selon des études antérieurs, il existe une forte ressemblance entre l’Échide à ventre blanche (Echis leucogaster Roman, 1972) et l’Échide des pyramides (Echis pyramidum Geoffroy Saint-Hilaire, 1827) surtout sur le plans génétique (voir ces références : Pook et al., 2009), c’est pourquoi ces auteurs suggèrent qu’il s’agit d’une seule espèce composé de plusieurs sous-espèces ! C’est une espèce souvent très abondante dans les zones Sahélienne (de la Mauritanie au Tchad ….), se trouve refuge dans quelques zones algériennes et du Maroc. Mes recherches sur cette espèce dans l’Anti-Atlas, particulièrement à Aouinet-Torkoz ont été vains, malgré que l’espèce est considérée comme ‘abondante’ dans cette région. Jusqu’à présent, l’espèce a été signalée sur sept localités seulement (Bons et Geniez 1996, Aymerich et al., 2004, Trape et Mané 2006, Martinez et al., 2012), lui attribue comme le serpent venimeux le plus rare au Maroc, ce qui suggère des études écologiques et biologiques de cette espèce au Maroc comme le cas pour les autres espèces (aucune étude marocaine n’existe jusqu’à présent sur cette vipère). Ces travaux aideront sans doute à établir des mesures de conservation appropriées pour la faune reptilienne du Maroc. »

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2 commentaires

  1. Mohamed Mediani. Pourquoi Geniez et al., 2004? C'est Aymerich et al., 2004. J'ai écrit cet article en allemand et l'ai traduit en outre en français… Je l'ai fait afin de relater les circonstances qui m'ont amené à réaliser les premières photos de cette espèce au Maroc, espèce que j'ai par ailleurs découverte dans la région d'Agdz d'où provient la photo choisie par Oussama Abaouss pour illustrer l'article. Voici la traduction française: http://geres-asso.org/AYM_Echis_Trad_FR.pdf

  2. Merci pour la correction! Bonne lecture du texte…

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