Il y a quelques années en arrière, la protection de la biodiversité n’était pas vraiment une priorité pour le Maroc. Mais aujourd’hui, les choses commencent peu à peu à changer, notamment concernant les cétacés en Méditerranée. Des chercheurs marocains mènent actuellement une étude, en collaboration avec leurs homologues espagnols, visant la protection de cette richesse naturelle. Détails.
C’est connu, la Méditerranée est l’une des mers les plus peuplées au monde en mammifères aquatiques. En effet, sur les 86 espèces de cétacés répertoriés à travers la planète, une vingtaine aurait fréquenté au moins une fois la Méditerranée, selon les données du Groupe de recherche sur les cétacés (GREC). Et d’après les observations
faites ces deux dernières décennies, cette mer – qui n’est reliée aux océans que par deux petits passages à savoir le détroit de Gibraltar et le canal de Suez – abriterait une population de cétacés issues de 18 espèces différentes, une quantité assez considérable.
Pour préserver cette richesse naturelle, plusieurs organismes espagnols – dont le Circé (Conservation, Information et Recherche sur les Cétacés) et l’Anse (Association des naturalistes du Sud-Est) – se sont associés à l’Institut national de recherche halieutique de Casablanca (INRH), rapporte le site d’information La Verdad.
Des espèces jamais observées auparavant dans les eaux marocaines
Les chercheurs marocains et espagnols ont lancé un projet d’étude baptisé « Cetasur » et coordonné par le ministère espagnol de l’Agriculture, de la pêche et de l’Alimentation avec l’appui de la Fondation Biodiversité. Les premiers prélèvements d’échantillons de cétacés ont déjà eu lieu dans les eaux marocaines ainsi que celles des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Ces travaux viendront compléter ceux réalisés sur la côte nord de la Méditerranée dans la cadre du projet CetidMed lancé en 2012. Il avait abouti à l’élaboration d’un catalogue de grands dauphins et de baleines retrouvés dans cette partie de la mer, le but étant d’établir une sorte de carte d’identité de ces cétacés, afin de les suivre de près.
D’après l’Anse, les premiers prélèvements ont permis d’obtenir 80 cétacés de 5 espèces différentes : le dauphin commun, ailé, rayé, mulassier et de Risso. Et c’est une première, car ces espèces avaient déjà été répertoriées sur la rive nord méditerranéenne, mais jamais au sud. « Ces données montrent qu’il est intéressant d’étendre les domaines d’études au nord de l’Afrique et d’établir des partenariats avec des institutions marocaines, puisque la conservation des cétacés n’a pas de frontières et nécessite une coopération entre les deux parties », a commenté Pauline Gauffier, coordinatrice du projet Cetasur.
Le Maroc bouge enfin
Hicham Masski, expert écosystèmes-marins et halieutique de l’INRH, soutient cette idée. D’après lui, la collaboration entre chercheurs marocains et espagnols permettra « d’améliorer considérablement les connaissances liées aux cétacés présents dans la Méditerranée et aidera à créer des indicateurs appropriés pour la gestion de l’environnement marin ».
C’est un pas en avant pour le Maroc qui a longtemps traîné les pieds pour la protection de cette partie de sa biodiversité, quand en 2010, Greenpeace tirait déjà la sonnette d’alarme sur les dangers que représentent le trafic maritime sur le détroit de Gibraltar pour les baleines et autres cétacés.