La position géographique privilégiée du Maroc, son exposition sur l’Atlantique à l’Ouest et la Méditerranée au Nord, la diversité de son relief ainsi que l’importance de son réseau hydrographique (2 000 km de cours d’eau) expliquent la diversité et l’endémisme de son ichtyofaune.
(L’ichtyofaune est la partie de la faune rassemblant les poissons. Elle est l’objet d’études par l’ichtyologie.elle concerne donc tous les milieux aquatiques) L’ichtyofaune autochtone du Maroc est caractérisée par la prédominance des Cyprinidae (plus de la moitié des espèces autochtones de nos cours d’eau).
Les études sur l’ichtyofaune des eaux continentales du Maroc n’ont pas connu un grand essor, comme c’est le cas pour les écosystèmes marins, et ont surtout porté sur la systématique.
La synthèse bibliographique des travaux effectués jusqu’à présent sur l’ichtyofaune continentale du Maroc permet d’établir une première liste de 46 espèces: 30 espèces autochtones, dont 15 sont endémiques au Maroc, et 16 espèces introduites.
On recense aujourd’hui 16 espèces introduites au Maroc (Mouslih, 1987). Cet auteur établit trois étapes d’introduction:
-La première étape (1924-1935) au cours de laquelle seule la carpe commune a été introduite.
-La deuxième étape (1936-1966), décrite comme “l’ère de la pêche sportive” a été caractérisée par la prolifération d’associations de pêcheurs à l’origine de la plupart des introductions (sandre, rotengle, tanche, perche, truite arc-en-ciel, black-bass, perche soleil,Aphanius, brochet). Ces introductions “aveugles”, sans étude scientifique préalable de leurs possibles impacts sur l’ichtyofaune locale, ont provoqué la disparition d’une espèce endémique marocaine, Salmo pallaryi Pellegrin, 1924.
-La troisième étape 1981-1999 a vu l’introduction de trois carpes chinoises: la carpe herbivore,Ctenopharyngodon idellus(Valenciennes, 1844), la carpe argentée, Hypophthalmichthys molitrix (Valenciennes, 1844) et la carpe à grosse tête, Aristichthys nobilis (Richardson, 1845) dans le but de réduire l’eutrophisation dans les lacs, les retenues de barrages et les canaux d’irrigation.
La situation actuelle de l’ichtyofaune marocaine est précaire et fragilisée par les activités économiques croissantes, la destruction des milieux naturels, la pression démographique et la sécheresse.
Les principales atteintes portent sur les rivières (oueds) qui sont polluées par les effluents domestiques et les déversements industriels sans aucun traitement préventif. L’oued Sebou, en aval de Fès, par exemple, est un fleuve mort: de Fès à Kénitra, il constitue le principal collecteur pour les rejets des égouts, des huileries, des sucreries et autres usines agroalimentaires implantées sur les deux rives. Cette pollution est l’un des facteurs expliquant la quasi-extinction de l’alose de l’oued Sebou. Cependant, la surpêche et la construction, dans les années quatre-vingt, d’un barrage à sel coupant l’accès aux frayères naturelles situées en amont, sont également responsables de ce déclin.
Les conséquences des aménagements et des activités humaines (construction de barrages, détournement des cours d’eau, drainage, prélèvement de graviers, surpâturage, surpêche) sur les oueds mettent en péril la diversité de la faune ichtyologique.