Les 3 pins du Maroc

Le genre Pinus est représenté au Maroc par trois espèces : le Pin d’Alep, le Pin maritime avec deux sous-espèces –moghrebiana qui est endémique du Maroc et iberica qui se trouve surtout en Espagne- et le Pin noir du Maroc.

 Le pin est un conifère du genre Pinus, famille des Pinacées. Ce genre, de loin le plus important des conifères, comprend de nombreuses espèces dont beaucoup sont des essences forestières importantes. parmi les 111 espèces de pins qui existent sur Terre, un grand nombre peut vivre très longtemps. Une douzaine d’espèces peuvent atteindre 1000 ans. Les pins sont des résineux à feuilles en aiguilles groupées en faisceaux par 2, 3 ou 5 et dont les fructifications sont des cônes constitués d’écailles à l’aisselle desquelles on trouve les graines.

De manière générale, l’allure générale des pins est hautement variable. Non seulement les espèces sont différentes les unes des autres mais en plus les divergences entre individus d’une même espèce peuvent être importantes. La plasticité morphologique des pins est plus importante que celle d’autres genre de la famille des pinacées. La répartition géographique de ce genre est très vaste. On les trouve dans des régions assez variées, mais surtout dans les zones à climat tempéré-froid de l’hémisphère boréal, où ils occupent tous les étages de végétation, du niveau de la mer jusqu’à la limite supérieure des forêts, même en terrain en permanence gelé.

Trois espèces spontanées

Le genre Pinus est représenté au Maroc par trois espèces : le Pin d’Alep, le Pin maritime avec deux sous-espèces, moghrebiana qui est endémique du Maroc et iberica qui se trouve surtout en Espagne et le Pin noir du Maroc.

Le pin d'alep

Le pin d’alep

Pinus halepensis Mill.

Noms vernaculaires : Snober, Tarda.

Le Pin d’Alep est une essence circumméditerranéenne. Son aire s’étend du bord oriental de la mer noire et des montagnes de la Mésopotamie jusqu’à la péninsule ibérique. On le trouve en Irak, en Syrie, au Liban, en Palestine, en Turquie, en Grèce, en ancienne Yougoslavie, en Italie, en France et en Espagne. Mais il n’existe pas au Portugal. En Afrique du Nord, le Pin d’Alep est l’essence la plus représentée après le Chêne vert ; il occupe de grandes surfaces en Algérie et en Tunisie ainsi que quelques stations en Libye.

Au Maroc, cette espèce hautement méditerranéenne a une aire réduite et très dispersée en raison de l’influence de l’Océan Atlantique et de l’action destructive de l’Homme. On le rencontre dans le Rif (Nador, Aknoul), au Maroc oriental (Debdou, Taforalt), dans le Moyen Atlas (régions de Taza, d’El Hammam, vallées d’Ahansal et d’Assil Melloul), et dans le Haut Atlas où il se présente sous forme de peuplements dans des stations très éparses (bassin de la Tessaout) C’est une essence thermophile et xérophile.

Son optimum pluviométrique se situe dans la tranche 350-450 mm et végète mal au-dessus de 700-800 mm, m > ou = 0°C et résiste moyennement à la neige. C’est l’essence de l’étage méditerranéen semi-aride continental. On le trouve depuis le littoral jusqu’à 2.000 m, son optimum se situe entre 800 et 1.200 m. Il est par ailleurs, indifférent à la nature chimique des sols et ne craint que l'hydromorphie prolongée et les sols sableux trop filtrants.

L’association végétale du Pin d’Alep est de caractère thermophile et xérophile à sous-bois dense mais peu élevé. Elle comprend le Chêne vert, le Thuya, le Genévrier rouge, le Chêne Kermès, le Romarin, la globulaire, la Bruyère à fleurs multiples, l’Oléastre, le lentisque, le Buis des Baléares, le Frêne dimorphe etc. Ses ennemis sont aussi les incendies, le Trametes pini et la chenille de Thaumatopaea pityocampa. Mais les attaques ne causent pas de gros dégâts comme dans la Cédraie. Cependant, les peuplements artificiels sont plus vulnérables à l’invasion de la chenille processionnaire. Son bois est de qualité ordinaire, il peut servir comme bois d’œuvre : menuiserie ordinaire, charpente, caisserie. Il est susceptible de fournir du bois de mine, des poteaux et des perches.

Les pins maritimes

Les Pins Maritimes:

Il existe trois sortes de pins maritimes, d’après la classification de H. del Villar, (1947) :

  • Pinus pinaster sous-espèce Hamiltonii avec deux variétés : Var. magrebiana H. del Villar (pin maritime du Maroc) et Var. iberica H. del Villar (pin maritime d’Espagne).
  • Pinus pinaster sous-espèce Renoui H. del Villa est le pin maritime d’Agérie-Tunisie.
  • Pinus pinaster sous-espèce atlantica var. maritima H. del Villar est le pin maritime atlantique qui a été introduit au Maroc depuis 1917.

Ces pins ont des aires assez étendues dans la Méditerranée occidentale : Le pin maritime atlantique s’étend dans le sud-ouest de l’Europe, en France, en Espagne et au nord du Portugal. Le pin maritime d’Espagne a une aire très étendue en Espagne (Sierra Nevada et Sierra Cazorla), mais il occupe aussi quelques stations dans le Rif au Maroc. Le pin maritime d’Algérie-Tunisie forme des massifs isolés le long du littoral dans les régions de Bejaïa, Annaba, Djidjelli et Colo en Algérie et à Tabarka en Tunisie.

Au Maroc, le pin maritime du Maroc constitue des peuplements de montagne dans le Moyen Atlas dans les régions de Taza, de Sefrou et d’Ifrane. On le rencontre aussi dans le Haut Atlas, dans les hautes vallées de l’Ansgmir et dans le bassin de la Tessaout.

 

Le Pin maritime du Maroc

Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var moghrebiana H. del Villar.

Noms vernaculaires : Snober, Tarda.

Ce pin endémique du Maroc habite les montagnes moyennement humides et humides à des altitudes variant entre 1.500-1.600 m à 2.200 m. Il se situe dans les étages bioclimatiques méditerranéens subhumide et humide froids (800 à 1.000 mm de pluie par an). Il supporte la neige et les basses températures (-15 °C). Il n’est pas aussi calcifuge que le pin maritime atlantique, il pousse dans des sols contenant une certaine proportion de calcaire.

Les espèces accompagnatrices sont : le Cèdre, le Pin d’Alep, le Chêne vert, le Chêne-liège, le Genêt à quatre fleurs, le Romarin, le Ciste à feuilles de sauge, etc.

Son bois est de bonne qualité, c’est un bois d’œuvre très convenable en menuiserie, charpente, caisserie. La rectitude de son fût permet d’en tirer des poteaux téléphoniques et du bois de mine.

Ses ennemis sont également ceux du pin d’Alep.

Pin maritime

 

Le Pin maritime d‘Espagne

Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var. iberica H. del Villar.

Noms vernaculaires : identiques aux précédents.

Cette variété de pin est surtout répandue en Espagne, mais il occupe quelques stations dans le Rif en particulier en mélange avec le Sapin du Maroc, le Cèdre, le Chêne vert et le Chêne-liège. On le connaît dans les montagnes de Chefchaouene, des Kétama, des Béni Derkoul etc.

Le pin noir

Le Pin noir du Maroc

Pinus nigra Arn. var mauritanica Maire et Payer ssp. Clusiana Clem.

Nom vernaculaire : Anagro.

Cette espèce est très polymorphe et comprend plusieurs races géographiques ayant leurs aires propres dans la région méditerranéenne :

  • Le pin noir de Salzmann ou des Cévennes en Espagne et en France.
  • Le Pin noir d’Autriche dans les alpes orientales et les Carpates.
  • Le Pin noir de Caramanie en Orient et en Crimée.
  • Le Pin noir de Corse ou de Calabre.
  • Le Pin noir du Maroc.

Cette variété endémique du Maroc n’existe que dans le Rif où il occupe quelques rares stations, vers 1.500-1.600 m d’altitude, en compagnie du Pin maritime, du Sapin du Maroc et du Cèdre à la base de son étage. La dispersion du pin noir à l’état de races distinctes et régionalement bien localisées, suppose une aire jadis continue et une grande ancienneté de l’espèce et la preuve de l’existence de liens géographiques aujourd’hui rompus. L’isolement géographique des peuplements résiduels a abouti, sous l’action du temps, à la différentiation de races locales qui se comportent actuellement comme des espèces. Il en est de même pour les Sapins du pourtour méditerranéen. Le pin noir appartient à un groupe du genre Pinus qui existait déjà au Crétacé inférieur sous des formes voisines des types actuels. Cet arbre est donc une remarquable relique des temps géologiques les plus reculés (troisième partie de l’ère Secondaire).

Quelques pins introduits

D’autres pins non spontanés au Maroc présentent un intérêt à des titres divers ; il s’agit du pin brutia (Pinus brutia Ten : voisin du pin d’Alep, on le trouve dans les régions de la Méditerranée orientale : en Grèce, en Crête, à Chypre, en Turquie et en Syrie à Alep), du pin pignon (Pinus pinea L. Appelé aussi pin parasol, cette espèce est aussi circumméditerranéenne qui existe depuis le Portugal jusqu’en Syrie. Il est cultivé depuis longtemps comme arbre ornemental et aussi pour ses graines qui sont comestibles et qu’on utilise en pâtisserie), du pin des Canaries (Pinus canariensis Smith (1825) essence est endémique des îles Canaries. Il est utilisé comme arbre d’ornement et comme espèce de reboisement dans les pays à climat tempéré chaud comme le Maroc) et du pin de Monterey (Pinus rdiata D. Dou (1836) / Pinus insignis Dougl. Originaire de la baie de Monterey en Californie centrale. En raison de son remarquable taux d’accroissement, il est utilisé dans les reboisements dans divers pays dont le Maroc qui l’a introduit depuis 1950).

Enfin, il convient également de noter que plusieurs autres espèces de pins ont été introduites au Maroc, dans les jardins, les arboretums et même à titre d’essais dans certains périmètres de reboisement.

Vidéo : Découverte dans l’écorce de ces pins maritimes une variété de polyphénol appelé pycnogenol.

Vidéo: la reproduction du pin maritime

Sources: Wikipédia, Le Maroc Forestier, Le grand livre de la forêt marocaine, Youtube

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Un commentaire

  1. HAJ Moulay Ahmed .AFFANE

    site très intéressant ,moi qui me demandait toujours comment pouvoir alerter les bonnes volontés à aider ou subvenir à sauvegarder la faune surtout au Maroc et particulièrement à l’Anti ATLAS VERS LEKST TASKRA ET IMIFASSEN (altitude 1950 m)

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