Au Jardin Zoologique National, une nouvelle conférence sur la thématique de la Conservation des antilopes Sahélo Saharienne a mis en exergue ce 12 septembre, la nécessité d’intégrer la gestion de la diversité génétique aux programmes de Conservation afin d’en améliorer les chances de succès.
Restituer des gazelles disparues aux zones où elles ont jadis évolué n’est pas une mince affaire. Quand ce n’est pas l’espèce qui a complètement disparu, et qu’il est encore possible d’en faire l’élevage dans l’objectif de développer une population assez large pour tenter des réintroductions à l’état sauvage, se pose un défi non négligeable: assurer une diversité génétique qui permet à la population de survivre aux divers aléas qu’elle va rencontrer.
Afin de se pencher sur ce sujet en profondeur, le Jardin Zoologique National -qui compte parmi ses missions prioritaires de contribuer à la Conservation des espèces en entretenant des « noyaux fondateurs » dont les descendants pourront un jour être relâchés dans la Nature- a organisé ce 12 septembre une conférence ayant pour thématique » La diversité génétique des antilopes Sahélo-Saharienne : Gestion et impact sur la Conservation à long terme ».
Animée par Dr Helen Senn, chef des programmes scientifiques et de la conservation des espèces sauvages à la Société Royale Écossaise de Zoologie, l’évènement avait pour objectif de mettre en lumière le travail mené par les scientifiques sur la diversité génétique des antilopes sahariennes, en vue d’une planification génétique mondiale de ces espèces.
Après le mot d’introduction du Haut-Commissaire, Dr Senn a d’abord expliqué le rôle joué par la génétique dans les plans de conservation ou de lutte contre le trafic des espèces. Le programme de conservation du chat sauvage en Angleterre a été érigé en exemple afin d’illustrer une application des sciences génétiques dans le suivi des populations sauvages et surtout, pour connaitre le degré de leur hybridation avec le chat domestique. Dr Senn a ensuite expliqué la situation actuelle des antilopes Sahélo-Sahariennes, démontrant que même si le nombre des individus en captivité est non négligeable, la réussite des réintroductions dans la Nature sera en majeure partie conditionnée par la diversité génétique présente dans les populations destinées à regagner leurs habitats historiques après plusieurs décennies d’absence.
« Plus une population est diversifiée génétiquement, plus elle a de chance de résister aux maladies et aux aléas climatiques qu’elle rencontrera à l’état sauvage. En revanche, même si nous disposons d’une population dont le nombre d’individus est devenu considérable, le fait que cette population soit issue d’un petit noyau fondateur la rend pauvre génétiquement. Face à une maladie, cette population pourrait tout simplement être anéantie là où une autre population plus riche génétiquement pourrait résister » a notamment expliqué Dr Senn.
Afin de garantir toutes les chances de réussite aux programmes de Conservation des gazelles Sahélo-Saharienne, il est nécessaire de mettre en place une vision de gestion globale et décloisonnée se basant sur une coopération internationale qui couvre les populations en captivité. « La vision idéalisée serait de mettre à contribution les particuliers et les diverses autorités des pays concernés qui gèrent des populations captives de gazelles dans le but de programmer une gestion globale de la population mondiale de ces espèces précieuses et particulièrement menacées » confie Dr Senn avant de conclure « Nous autres généticiens ne parlons plus d’extinction d’espèces uniquement, mais également « d’extinction de gènes » car moins il y aura de diversité génétique au sein d’une espèce plus les probabilités de son extinction seront importantes. »
Depuis 2008, le #HCEFLCD et le #JZN ont procédé au lâcher d’antilopes sahélo-sahariennes (Addax, Oryx, Gazelle dama mhorr, Gazelle dorcas) dans leurs milieux d’origine à Safia (Aousserd), Msissi et à M’hamid Elghazlane. pic.twitter.com/253q5Sg02J
— LHAFI (@AbdeladimLhafi) 12 septembre 2018