Aires protégées: les PN de Toubkal et d’Ifrane soumis à la liste verte de l’UICN

À Sharm El-Sheikh en Égypte ce 24 novembre, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a ajouté 15 nouveaux sites naturels à la Liste verte des aires protégées et conservées de l’UICN – la première norme mondiale valorisant les pratiques exemplaires dans les aires protégées. Cela porte le nombre total de sites sur la Liste verte de l’UICN à 40. Deux sites marocains ont été soumis cette année et pourraient être les premiers de notre pays à rejoindre la prestigieuse liste verte s’ils sont sélectionnés.

 

Lancée en 2014, la Liste verte de l’UICN mesure l’efficacité des aires protégées, récompense les meilleurs sites et incite les sites du monde entier à améliorer leur gestion. Des sites situés en Égypte, en France, en Jordanie, au Kenya, au Liban, au Mexique, au Pérou et aux Émirats arabes unis ont reçu aujourd’hui la certification, lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui a lieu actuellement en Égypte.

Les sites présents sur la Liste verte sont certifiés comme étant gérés efficacement et gouvernés de façon équitable, avec un impact positif sur les populations et la nature.

« Si nous voulons vraiment atteindre les objectifs mondiaux destinés à inverser l’appauvrissement de la biodiversité, alors veillons à ce que les aires protégées du monde entier fassent ce qu’elles sont censées faire : offrir un refuge tant nécessaire à la biodiversité » a déclaré Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN. « Les sites sur la Liste verte de l’UICN ont atteint une norme d’excellence, avec des avantages clairs et mesurables pour la nature et les communautés locales. L’UICN félicite les nouveaux sites certifiés, car ils sont source d’inspiration pour les aires protégées du monde entier. »

La Liste verte de l’UICN permet également de mesurer et d’accélérer les avancées vers la réalisation de l’Objectif 11 d’Aichi pour la biodiversité des Nations Unies. Ce dernier vise à ce que 17% des zones terrestres et 10% des zones marines soient protégées, efficacement conservées et équitablement gérées d’ici à 2020. La réalisation de l’Objectif 11 est sur la bonne voie en termes de couverture, cependant ce n’est de loin pas le cas en termes d’efficacité.
Deux des nouveaux sites de la Liste verte sont situés en Égypte, pays hôte de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité. L’un d’eux, le Parc national Ras Mohammed, est un site marin près de Sharm El Sheikh où, grâce à des mesures efficaces de conservation, certains récifs ont une couverture de 90% de coraux vivants, par rapport à une moyenne de 30-40% pour les récifs non-protégés de la Mer Rouge. Situé à environ 20 kms de Sharm el-Sheikh, à la pointe méridionale de la péninsule du Sinaï, Ras Mohammed est le premier parc de protection égyptien. Il s’étend sur 480 km2.

Ras Mohammed abrite plus de 150 variétés de coraux et certains remontent à près de 2 millions d’années. On y recense également plus de 1000 espèces de poissons, 40 d’étoiles de mer, 25 d’oursins, plus de 100 de mollusques et 150 de crustacés. En plus (…), les fonds marins recèlent de nombreuses épaves du temps où une forte présence navale patrouillait cette région jugée très stratégique de par sa proximité avec le canal de Suez. Le parc accueille également de nombreuses formes de vie terrestre : gazelles, lézards, renards. Les mangroves sont aussi importantes pour la reproduction des oiseaux comme la cigogne blanche.

Les sites certifiés par la Liste verte de l’UICN font preuve d’excellence selon une évaluation rigoureuse de 17 critères de succès dans quatre domaines : gouvernance, gestion, conception et planification, et conservation réussie.

Dans la réserve naturelle des cèdres du Shouf, Liban, le cèdre libanais, ce symbole culturel du pays menacé, renaît grâce à des projets de restauration et de conservation.

La gestion de la réserve a réussi à s’adapter avec succès à l’afflux actuel de réfugiés provenant de la Syrie voisine, certains réfugiés participant au travail de conservation.

La réserve contribue également à l’économie locale, car ses ressources sont utilisées pour des produits traditionnels et des aliments biologiques.

La France est le pays accueillant le plus de sites sur la Liste verte de l’UICN : certains petits et proches des villes, d’autres très vastes en zone marine. Dans la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, près de l’Antarctique, la gestion sait maintenir l’accès et les activités humaines sous contrôle, malgré la taille immense du site – 2,2 millions d’hectares. Les menaces que représentent la pêche illégale et les espèces envahissantes sont ainsi surveillées et limitées. Ce site est important pour la recherche scientifique ainsi que pour la reproduction de poissons d’intérêt commercial.

La réserve communale d’Amarakaeri, Pérou, est un autre nouveau site sur la Liste verte de l’UICN. Ici, la gouvernance équitable a permis d’améliorer la gestion. Dix groupes autochtones vivant autour du parc conservent de façon efficace leurs écosystèmes et aident à évaluer les espèces rares, telles que la grenouille venimeuse Amarakaeri, découverte en 2017 et En danger. L’écotourisme et d’autres activités durables, mis en place par des accords collaboratifs, soutiennent l’économie locale. Le parc se situe dans l’une des zones les plus riches en biodiversité au monde dans l’Amazonie péruvienne.

Depuis le lancement de la Liste verte de l’UICN, le nombre de pays engagés s’est multiplié par quatre – passant de huit à 33. Quelques 250 sites candidats se sont avancés pour atteindre le niveau qu’elle préconise. Le processus de certification est volontaire et peut prendre entre six mois et cinq ans, pendant lequel les sites s’efforcent d’atteindre des cibles et objectifs clairs.

La réserve naturelle de Van Long, Vietnam, s’est par exemple portée candidate en 2015.

Située dans le district de Gia Vien, province de Ninh Binh, la réserve naturelle de Van Long couvre 3.500 ha et est entourée de digues en béton qui font plus de 20km de long.

Suite au processus entamé, deux provinces voisines se sont engagées à étendre la réserve sur leurs territoires.

Des pays comme l’Australie, la Côte d’Ivoire, le Kenya, la Malaisie, Madagascar, ainsi que l’État américain de Californie se sont aussi engagés à nommer des sites dans un futur proche. La Californie a déclaré la priorité sur ses 124 aires marines protégées ; par ailleurs, l’Europe étudie comment la Liste verte pourrait être mise en œuvre dans son réseau d’aires protégées, Natura 2000. La Chine, qui compte six aires protégées sur la Liste verte de l’UICN, prévoit également de nommer d’autres sites.

« Les sites candidats bénéficient des conseils du plus haut niveau à travers le réseau d’experts de l’UICN, ce qui leur permet de renforcer les compétences des responsables et de focaliser les investissements vers un progrès réel » affirme Trevor Sandwith, Directeur du Programme mondial de l’UICN sur les aires protégées. « Nous attendons avec impatience de pouvoir travailler avec davantage de sites dans davantage de pays, et de faire de la Liste verte de l’UICN un vrai mouvement planétaire qui place la barre haut afin de réaliser le potentiel des aires protégées et conservées partout dans le monde. »

Cette année, le Royaume du Maroc a pour la première fois soumis deux de ses parcs nationaux -Toubkal et Ifrane- au classement dans la liste verte de l’UICN. La demande a été accepté en attendant que la commission examine la candidature marocaine. Si les deux parcs sont retenus, ils seront les premiers dans notre pays à faire partie du classement « liste verte des aires protégés ».

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