Missour : les gazelles Dorcas de la réserve d’Enjil célèbrent la neige. Pour atténuer les conditions de froid et les aider à supporter l’hiver rude, les forestiers du HCEFLCD ont aménagé des abris et enrichis la nourriture des gracieuses créatures.
La gazelle Dorcas au Maroc C’est:
- Entre 400 et 900 gazelles sauvages qui vivent en liberté dans la nature
- 4426 gazelles en semi captivité en phase d’acclimatation pour la réintroduction.
Facteurs de régression de l’espèce (Cuzin 99)
Le facteur primordial dans la régression de l’espèce est sa surexploitation, en particulier à cause d’une chasse abusive, sévèrement réglementée depuis les années 50, et illégale depuis 1968 (Aulagnier & Thévenot 1986). Dans les années 50, des chasseurs nous ont affirmé que l’on voyait fréquemment des gazelles dorcas dans la feïjja aux abords de Zagora, et qu’il était même possible de les tirer depuis la fenêtre de certaines habitations! Par ailleurs, face à l’homme et aux chiens errants, les nouveau-nés sont extrêmement vulnérables. La gazelle dorcas constitue un gibier extrêmement recherché par tous les types de chasseurs (Cuzin 1999):
– chasseurs extérieurs aux régions concernées, disposant généralement de moyens matériels importants (en particulier des véhicules tous terrains en excellent état) , appartenant à deux catégories :
– personnalités de la Péninsule arabique: pourvus de moyens matériels et humains considérables: une partie des chasseurs exerce de manière indiscriminée (AEFCS 1995, Cuzin 1996), avec des armes à feu, chassant de nombreuses espèces, et en particulier la gazelle dorcas (une cinquantaine d’animaux chassés dans la région de Laayoune au milieu des années 95, M. Yaqoubi com. pers.; au moins 3 animaux chassés entre 1998 et 12 2000 à l’est de l’Irikki, selon des guides de montagne; plusieurs dizaines d’animaux chassés en région frontalière, dans la région de M’hamid début 2000, selon des informateurs locaux); soulignons cependant que dans la province de Tata, considérée comme réserve de chasse attribuée aux Emirats Arabes Unis, la chasse de la gazelle dorcas est extrêmement réduite, les effectifs semblant y être en progression (Cuzin 1996).
– chasseurs nationaux, relativement aisés, exerçant de manière illégale, originaires de la région ou d’autres régions, venant de plus en plus discrètement, souvent de nuit, avec des projecteurs; dans le Bas Draa, nous avons découvert plusieurs campements de braconniers en 1997, avec des restes d’au moins 3 gazelles datant de moins d’un mois (Cuzin 1998), et dans la région de Tata, en 1997, une expédition de chasseurs a tué plusieurs gazelles de nuit, au moyen de véhicules tous terrains, de projecteurs et d’armes automatiques (A. Saleh, comm. pers.)
– militaires: ce type de chasse a été exercé par les Forces Armées Royales comme moyen de subsistance (de nombreux témoins ont évoqués les véhicules chargés de gazelles revenant à Laayoune au cours des années 80) et pour le divertissement; aucun contrôle de ce type de chasse n’a été exercé; ce type de chasse a été apparemment important dans le passé, en particulier juste après l’Indépendance, mais il s’est beaucoup réduit, en particulier dans la région frontalière avec l’Algérie, où des coups de feu seraient problématiques.
– chasseurs exerçant dans un but commercial, originaires de la région ou extérieurs à la région, afin de vendre de la viande (la viande est considérée comme excellente, et, dans la région de Tan Tan et de Guelmim, elle est discrètement vendue environ 90 Dh le kg, ce qui en fait la viande la plus onéreuse du marché), ou des trophées et des parties d’animaux alimentant les commerces des « attarin » et des « assabin »
– chasseurs locaux, exerçant dans un but généralement non commercial (avec un certain nombre d’exceptions, qui peuvent rapprocher ce type de chasse d’une chasse de type commercial); de jeunes gazelles dorcas sont capturées pour être offertes (en espérant souvent des compensations) ou vendues aux notables
La chasse à l’approche est pratiquée, et des pièges sont parfois utilisés. La chasse en véhicule tous terrains est généralement possible, étant donné l’habitat de plaine de l’espèce, d’autant plus que la tendance à la fuite en courant en cas de danger rend la gazelle dorcas très repérable: il semblerait que les animaux survivant actuellement tendent à se réfugier dans les reliefs les plus accidentés (plaines limoneuses sillonnées de chenaux, régions sableuses, pied de collines avec terrain caillouteux sillonné d’oueds), où des chasseurs locaux pourvus de motos les poursuivent parfois. Moins craintifs, les mâles territoriaux paient un lourd tribut.
Le contrôle du braconnage par les agents des Eaux et Forêts, trop peu nombreux, ayant à surveiller de grands territoires peu accessibles, et insuffisamment équipés, n’est pas été très efficace. Signalons l’effort soutenu et méritoire des agents des Eaux et Forêts de la Province de Tata, où les effectifs semblent en croissance.
La dégradation du milieu, en particulier par le surpâturage et les coupes, qui réduisent les disponibilités alimentaires, pouvant devenir critiques en période estivale, semble également être un facteur important dans la régression de l’espèce.
Les déplacements de troupeaux de bétail à la recherche de pâturages momentanément favorables se sont beaucoup amplifiés, grâce à l’utilisation de véhicules tous terrains et de camions: en cas de pluies, et donc quand les conditions deviennent optimales pour la reproduction, l’arrivée souvent massive de troupeaux réduit la biomasse consommable, et accroît les risques de dérangement et de chasse (Cuzin 1996).
Les sécheresses périodiques observées en milieu saharien semblent déclencher des phénomènes de migration (Valverde 1957), exposant les animaux à des dangers nouveaux, en particulier quand ils arrivent dans des secteurs où une chasse intense a causé une disparition de la population sédentaire (Cuzin 1996).
https://www.cambridge.org/core/journals/oryx/arti…