L’Afrique du Nord compte près de 1700 espèces et sous-espèces endémiques (qui n’existent nulle part ailleurs) dont plus de la moitié sont spéciales au Maroc. Cette richesse en endémiques est due à la présence de milieux spécialement contrastés et bien différentiés, favorables à la création d’espèces endémiques au Maroc. Un travail colossal a été entrepris récemment pour la réalisation d’un inventaire de ces espèces et en consigner le résultat.
En botanique , un « herbier » est une collection de plantes séchées et pressées entre des feuilles de papier qui sert de support physique à différentes études sur les plantes, et principalement à la taxinomie et à la systématique. Le terme herbier désigne aussi l’établissement ou l’institution qui assure la conservation d’une telle collection. Constitués au fil du temps, les nombreux herbiers, publics et privés, existant dans le monde constituent un matériel indispensable à la typification et aux études botaniques.
A l’échelle des pays de l’Afrique du Nord, l’herbier national (RAB) de l’Institut Scientifique (Université Mohammed 5-Agdal, Rabat) se distingue par sa richesse (plus de 140 000 spécimens) et par la continuité de son fonctionnement et de ses services depuis sa création en 1920.
Récemment, grâce à une volonté locale et à des soutiens nationaux et étrangers, il a pu intégrer rapidement la tendance mondiale actuelle de numérisation des herbiers. Dans un premier temps, une aide financière de la Fondation Mellon accompagnée d’une assistance de Tela-Botanica ont permis de traiter plus de 1500 taxons (espèces, sous-espèces et variétés) endémiques et/ou rares : numérisation des exsiccata (Spécimen desséché de plante conservé dans un herbier) et saisie du contenu des fiches dans une base de données ; toutes ces données sont désormais libres d’accès (ou le seront très prochainement) sur les sites web de l’Institut Scientifique (www.israbat.ac.ma), de la fondation Andrew Mellon en collaboration avec Aluka (www.aluka.org) et Jstor (www.jstor.org) et du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (www.mnhn.fr).
Les auteurs ont donc utilisé des informations bibliographiques et des bases de données d’herbiers pour dresser deux inventaires importants concernant la flore vasculaire de l’Afrique du Nord (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte)
L’analyse de ces inventaires révèle une grande originalité floristique de cette région du monde qui abrite près de 1700 espèces et sous-espèces endémiques dont plus de la moitié sont spéciales au Maroc.
Les listes qui ont pu être établies résultent du fruit d’un long travail de quête de l’information seront dorénavant une référence précieuse pour tous ceux qui s’intéresseront désormais à ces espèces pour des raisons scientifiques, d’exploitation, de protection ou de conservation.
La flore des pays d’Afrique du Nord est loin d’être suffisamment connue. Les botanistes ont encore beaucoup de travail dans cette région du monde et les herbiers sont parmi leurs outils essentiels. Beaucoup de matériel floristique nord-africain existe à l’étranger; heureusement l’ère numérique permet aux chercheurs d’y accéder à distance et de bénéficier au moins partiellement de l’information. Dans ce contexte, la numérisation et les bases de données de collections doivent être une priorité au même titre que leur entretien et leur enrichissement ; la flore endémique doit être la première concernée. Ces préoccupations se manifestent à des degrés divers dans tous les pays; puisse ce travail être le premier pas pour une action globale, commune.