WWF vient de publier son rapport « planète vivante » 2018. Ce douzième rapport – d’une longue série publiée tout les deux ans- souligne l’érosion massive des populations d’animaux sauvages. Le recul était de 52% entre 1970 et 2010. Sur la période allant de 1970 à 2014 il est passé à 60%.
C‘est à croire que le futur de la diversité biologique sur Terre appartiendra aux rats et aux cafards. L’anthropocène est bien là, et la preuve est que la Terre a perdu 60% de ses animaux sauvages en 44 ans selon de dernier constat de WWF. Dans la douzième édition de son rapport « planète vivante », l’ONG s’est basé sur le suivi de quelques 4000 espèces réparties sur près de 16700 populations.
« Les leaders mondiaux n’ont pas assez conscience de l’extinction massive en cours, ou ne s’y intéressent pas suffisamment, pour impulser les changements qui s’imposent, déplore l’ONG. »
Est-il encore permis d’espérer?
Le constat très alarmant de WWF n’exclue cependant pas une possibilité d »inverser la tendance » grâce « à la capacité étonnante de la Nature à pouvoir se régénérer ». L’ONG cite à ce titre l’exemple de la baleine à bosse qui a pu être ramenée in extremis d’une population au bord de l’extinction à une population mondiale qui compte des milliers d’individus. Autres exemples de programmes de Conservation qui réussissent sont les gorilles de montagne et les pandas géants.
???? Le constat du #RapportPlanèteVivante 2018 est alarmant : 60 % des effectifs de vertébrés sauvages a disparu en moins de 50 ans → https://t.co/zrDKD2AEYa
Reprenons le contrôle et inversons la tendance maintenant, il n’est pas trop tard ! #PlanèteVivante #LPR2018 pic.twitter.com/2Ozqieq8sZ— WWF France (@WWFFrance) 30 octobre 2018
Il faut s’attaquer aux racines du mal:
Les causes derrière cette accélération de l’érosion mondiale de la biodiversité? le rapport met en cause la déforestation, la perte d’habitat des animaux, l’urbanisation, l’agriculture intensive, l’appauvrissement des sols, la surpêche, le braconnage, les pollutions, les espèces invasives, les maladies, et le dérèglement climatique….
« Préserver la nature ce n’est pas juste protéger les tigres, pandas, baleines, que nous chérissons, nuance le directeur du WWF, Marco Lambertini. C’est bien plus vaste : il ne peut y avoir de futur sain et prospère pour les hommes sur une planète au climat déstabilisé, aux océans épuisés, au sol dégradé et aux forêts vidées, une planète dépouillée de sa biodiversité. »
Sans mesures ambitieuses, pas de solutions au gâchis en cours…
« La situation est vraiment mauvaise, on le dit depuis un moment, mais cela ne cesse d’empirer, insiste Marco Lambertini. L’attention s’est beaucoup concentrée sur le climat, à juste titre. Mais nous oublions les autres ‘systèmes’ (forêts, océans, etc.), interconnectés avec le climat et super importants pour le maintien de la vie sur Terre. L’humain a évolué pendant 2 millions d’années au cœur d’une nature abondante, riche… que nous considérons comme acquise. Or nous commençons à altérer la biosphère au point de pousser certains systèmes au bord de l’effondrement. » Le WWF préconise par conséquent des mesures ambitieuses sans quoi, « la planète court à sa perte ».
Les services écosystémiques: une dette immense et « invisible »
Selon WWF, les services fournis gratuitement par la nature chaque année représentent 125 000 milliards de dollars, soit 1,5 fois le PIB mondial. En attendant, les décideurs et le grand public d’une manière générale peinent encore à corréler le maintien des espèces et de la biodiversité avec le confort de vie humain, notamment grâce aux services écosystémiques fournies « gratuitement ». Si ces services venaient à disparaître à cause d’un dérèglement des écosystèmes, les États devaient payer pour cela, ils n’en auraient tout simplement pas les moyens…
« Nous devons inciter les acteurs étatiques et non étatiques à conduire le changement, afin que les décideurs comprennent que le statu quo n’est pas une option. »