Après notre précédent article sur l’observation de Abdellah Bouazza, voici une autre observation de chat ganté qui a donné lieu à de jolies photos !
L’auteur cette fois est Thomas Lahlafi, un jeune franco-marocain étudiant en Master de biologie de la conservation en France, et qui compte faire sa thèse au Maroc sur la faune du Parc national de Tazekka. Encore une belle rencontre (faite en avril dernier) avec la vie sauvage quelque part du côté de Oued Chbika dans la région de Tantan.
Ecologie.ma a posé quelques questions à Thomas sur son observation:
– Belles photos ! C’est la première fois que vous faites la rencontre du chat ganté ?
Je l’avais déjà observé près de la Plage blanche (Chatelbied) et à l’Oued Chbika, où l’espèce semble bien représentée contrairement à d’autres région où de très fortes menaces ont porté un fort préjudice à ses populations, comme le décrit en détail Cuzin dans sa thèse de 2003. Mais la bonne surprise a été la région d’Aferkat, où les observations ont été les plus nombreuses. C’est dans cette même région que le Dr Imad Cherkaoui venait d’ailleurs de signaler diverses observations de ratels.
-Comment en êtes vous arrivé à ce nez à nez avec le Félis silvestris lybica ?
Ayant créé et dirigé un projet de comptage nocturne des mammifères pendant 5 ans en France, j’ai reproduit mon protocole de transects (itinéraires) nocturnes en voiture pendant 3 nuits dans la région de Guelmim, Tantan et Chbika. Cela m’a permis d’observer des renards roux, renards de Rüppell, des hérissons du désert, des gerboises, des vipères à cornes, des vipères heurtantes, et notamment… une douzaine de Chats gantés (Felis silvestris lybica) !
Parmi ceux-ci, j’ai pu en photographier 2 individus, dont celui-ci qui s’est approché de moi à 2 mètres ! Je n’en revenais pas, car comme beaucoup de félins cette espèce est très farouche habituellement.
-Très farouche, mais aussi menacée par l’hybridation avec les chats domestique… ces résurgences sont elles une bonne nouvelle ?
Cela peut être encourageant pour initier des projets d’étude sur cette sous-espèce, ancêtre du Chat domestique (Felis silvestris catus). En effet les deux taxons peuvent s’hybrider, et de nombreux travaux en Europe ont montré que l’hybridation entre le Chat domestique et le Chat forestier, ou Chat sauvage d’Europe (Felis silvestris silvestris) représentait une forte menace pour le taxon sauvage. Cependant il n’existe quasiment pas de publications sur cette problématique avec le Chat ganté, hormis une étude de 2015 en Afrique du Sud, concernant Felis silvestris cafra, anciennement considéré comme un Chat ganté.
Thomas Lahlafi a promis de partager avec vous d’autres photos de ses rencontres. Stay tuned! 😉