Le Maroc vient de rejoindre la liste des rares pays qui disposent encore de gazelles Dama Mhorr à l’état sauvage. Le Dr L’Hafi, Haut commissaire aux Eaux et Forêts a procédé vendredi au premier lâché de damas dans la nature.
A l’extrême sud du royaume, au sein du parc national de Dakhla se trouve la station d’acclimatation de Safia. C’est un espace clôturé de plus de 1000 hectares où plusieurs espèces Sahariennes issues de programmes d’élevage en captivité se réadaptent aux conditions de leur milieu naturel. Aussi bien l’autruche à cou rouge que l’addax ou la dama Mhorr y réapprennent à vivre indépendamment de l’intervention humaine et se ré-acclimatent aux conditions de la vie sauvage en vue de leur réintroduction dans leur historique aire de répartition marocaine.
Vendredi 22 mai, journée mondiale pour la biodiversité, 25 Dama Mhorr ont été les premières à être lâchées dans la nature. Issues à l’origine de la réserve royale de Rmila, les damas restituées à la nature sont quasiment toutes nées au sein même de la station d’acclimatation de Safia. Si la journée mondiale pour la biodiversité a été l’occasion de procéder à ce lâché, le travail qui a permis de franchir ce nouveau cap vers la réhabilitation de la faune saharienne a débuté bien avant.
« Techniquement, chaque étape doit prendre le temps nécessaire qui lui permettra d’aboutir » a expliqué Mr Mohamed Endichi lors d’une réunion organisée jeudi à Dakhla. « Le plus difficile reste à faire. Pour garantir la réussite globale du projet, chacun doit jouer pleinement son rôle » a ajouté Mr Abderrahim Houmy inspecteur général des Eaux et forêts.
Organisée en collaboration avec la fondation espagnole CBD Habitat et l’association Nature Initiative, ce projet de réintroduction d’antilopes sahariennes a atteint l’étape cruciale du premier lâché dans la nature.
« Au début, les damas que nous avons installé dans la station d’acclimatation de Safia ne nous fuyaient pas quand elles nous voyaient, car elles étaient habituées à la captivité et à ce qu’elles soient nourries par la main de l’homme. L’objectif était de remédier à cela, alors nous avons entrepris avec l’accompagnement et la participation de nos partenaires, de faire tout ce qui était possible afin que les damas puissent regagner les réflexes et l’instinct naturel qu’elles sont sensées avoir à l’état sauvage. Elles devaient donc petit à petit commencer à chercher leur propre nourriture, fuir la présence de l’homme, s’acclimater aux conditions de leurs environnement, boire l’eau de la région qui est un peu plus salée que d’habitude etc. Après plusieurs années, c’est désormais un objectif atteint ! Elles sont prêtes pour une première tentative de lâché à l’état sauvage. » Nous confie Mr Driss Misbah, inspecteur général au HCEFLCD.
Les gazelles damas mhorr sont connues pour être des antilopes très sensibles. Au moment de les équiper avec des colliers GPS, trois ont succombé au stress. Selon l’équipe qui conduit cette étape cruciale, il s’agirait d’un risque pris en considération depuis le début : « Le taux de mortalité dans le groupe qui a été sélectionné pour porter ces colliers reste assez bas d’autant plus qu’il concerne de très jeunes individus ».
L’opération du lâché a débuté quand le Dr L’Hafi à découpé une partie du grillage qui retenait le groupe sélectionné. Les personnes qui ont assisté à cette première opération de lâché ont été prié de garder le silence et à rester dissimulés à plusieurs centaines de mètres de l’issue par laquelle allaient sortir les gazelles.
Au bout d’un long moment, les damas apparaissaient au loin. Redevenus très farouches, elles ont longuement hésité à franchir le seuil de leurs liberté. Leurs colliers GPS ont finalement été signalés de l’autre côté du grillage, hier matin vers 7h. C’est à ce moment donc, que le Maroc a aussi rejoint la liste très restreinte des pays qui disposent de damas Mhorr à l’état sauvage.
Bonjour
Je suis très septique sur les résultats de ces lâchés dans la nature.
Il y a quelques années, quand j'ai fait la première édition mon guide sur le Sahara Atlantique, j'ai eu l'occasion de fréquenter sur le terrain beaucoup d'autochtones qui ne se cachaient pas de partir à la chasse à la gazelle quand l'occasion se présentait.
Dans l'édition suivante, parue en 2014, j'ai visité et présenté la station d’acclimatation de Safia où j'ai vu ces gazelles bien surveillées et bien à l'aise dans leur immense enclos. Combien va-t-il en rester de celles remises "en liberté", d'ici quelque temps ??