Maestro avéré du vol non-stop, le martinet à ventre blanc passe la moitié de l’année dans les airs. L’agile volatile doit son titre à une technique des plus modernes, qui a permis aux chercheurs de la Station ornithologique suisse de prouver ce dont on se doutait depuis longtemps.
Les oiseaux aussi se voient obligés de poser « patte » à terre de temps en temps pour se nourrir ou tout simplement se reposer. Les martinets font pourtant exception. Parfaitement adaptés à la vie dans les airs, ces acrobates aériens se nourrissent d’insectes volants qu’ils prélèvent au passage. On se doutait bien qu’ils ne se posaient même pas pour dormir : l’observation au radar de martinets noirs tournant très haut dans le ciel nocturne avait déjà mis la puce à l’oreille des ornithologues.
Une performance désormais confirmée par les chercheurs de la Station ornithologique suisse de Sempach, qui ont prouvé que leur cousin le martinet à ventre blanc est capable de voler en continu pendant plus de six mois. En 2011, les chercheurs ont équipé des martinets à ventre blanc de géolocalisateurs après leur nidification.
Développées en collaboration avec la Haute école spécialisée bernoise de Burgdorf, ces petites merveilles technologiques d’environ 1 g permettent de mesurer et d’enregistrer la luminosité de l’endroit où se trouve l’oiseau pendant une année. La longueur du jour, et ainsi la position géographique de l’oiseau, sont ensuite calculées à partir de ces données. Spécialité de cette étude, ces appareils étaient munis d’un capteur d’activité enregistrant et différenciant les phases de battement d’ailes de celles de repos.
Ainsi frétés d’un géolocalisateur, les martinets à ventre blancs prirent la direction de leurs quartiers d’hiver. Après y avoir passé la saison froide, ils réintégrèrent leurs sites de nidification suisses, où les ornithologues les délestèrent de leur petit sac à dos. « L’analyse des données de trois martinets a montré que ces oiseaux passent l’hiver surtout en Afrique de l’Ouest», explique Felix Liechti, responsable du département « migration des oiseaux » à la Station ornithologique et premier auteur de l’étude. « Révolutionnaire est la découverte que ces martinets volent en continu pendant leur migration et dans leur zone d’hivernage »
Ces résultats démontrent que les martinets à ventre blanc sont aussi capables de maintenir toutes leurs fonctions corporelles vitales pendant un vol d’endurance. Ils n’ont pas besoin du même type de sommeil que nous autres humains.