Un charmeur de serpent de Jamaa El Fnaa a été mordu par son cobra vendredi dernier. L’homme a été transporté à l’hôpital de la Mamounia de Marrakech en état critique.
Un autre « charmeur » de la place Jamaa El Fnaa risque de tirer sa révérence. Mordu par son cobra, l’homme d’une soixantaine d’années était pourtant expérimenté et avait des années de « pratique » derrière lui.
La scène avait commencé par un numéro de charme. Distrait un bref instant par les applaudissements de la foule la scène a vite viré au drame. Le « 360.ma » rapporte que le cobra a mordu son charmeur au moment où son attention s’est relâchée. Un parterre ahuri de touristes a assisté à la scène.
Transporté en urgence à l’hôpital Ibn Zohr, le charmeur est aux dernières nouvelles encore en danger de mort. (voir mise à jour ci bas)
Patrimoine ou pas?
Classé patrimoine ORAL de l’humanité la place Jemaa Lefna est un haut lieu de tourisme qui héberge un microcosme d’activités qui n’ont presque pas changées depuis le moyen âge. Alors que le patrimoine oral se perd (compteurs et poètes) les activités liées à l’exploitation animal sont encore tolérés voire plus nombreuses qu’avant…
Le cobra (naja haj légionis) est une espèce de plus en plus menacée au Maroc. Cet être majestueux appartenant à la famille des élapidés est nécessaire à l’équilibre des écosystèmes où il vit. Dans la nature il vit plusieurs décennies, à Jemaa Lefna il survit quelques semaines à peine : les crochets arrachés, suscité 1000 fois par jour pour qu’il maintienne sa posture verticale le cobra fini par mourir d’épuisement et de stress. Le cobra n’est pas la seule espèce utilisée par les charmeurs. Elle est cependant parmi les plus menacées.
Espèce protégée pourtant…
Légalement, les reptiles font partie des espèces protégées par la CITES (dont le Maroc est signataire) leur détention, prélèvement et commerce est interdit et doit obligatoirement passer par une procédure d’autorisation : la loi 29 05 qui réglemente la détention et le commerce des espèces menacées est entrée en vigueur depuis que ses décrets d’application ont été publiés fin 2015 dans le bulletin officiel.
A noter que d’autres pays ont su limiter les pratiques du même genre. Alors même que l’activité revêt un caractère quasi religieux et contribue à « l’exotisme touristique » du Pays, l’Inde a interdit les activités des charmeurs de serpent dès les années 90.
Au Maroc, face à la raréfaction de l’espèce et à l’intensification de son exploitation, face au risque que constitue ce genre d’activités aussi bien sur les charmeurs que sur les citoyens et touristes qui fréquentent la place, il est plus que temps de repenser la place qu’occupe ce genre de pratiques au sein d’un haut lieu touristique dont le vrai patrimoine (oral) se perd, se bride et se brade.
NOTE : Il y a quelques jours notre site a effectué un sondage sur l’utilisation des animaux sauvages à Jemaa Lefna. Les résultats annoncent que 91% des sondés sont CONTRE. cliquez ici pour voire le rapport du sondage.
Mise à jour (17/02/16): le charmeur a survécu grâce aux efforts conjugués du centre national antipoison du Maroc, et ceux des urgences médicales de l’hôpital Ibn Toufaïl de Marrakech.
BIEN FAIT ! Ces animaux sont maltraités.
la vengeance